EXTRAITS D'UN JOURNAL FAIT AU LYCÉE D'UZERCHE PAR DES ELEVES DE 5° . JOURNAL QUI ETAIT ADRESSÉ À UN AUTRE LYCEE EN FRANCE. IL SERVAIT DE CORRESPONDANCE EN ELEVE QUI NE SE SONT JAMAIS RENCONTRÉS.


TRANCHES DE VIE "NOVEMBRE 1968" C.E.G. UZERCHE 5° II a

Situation de notre école

La place de la Mairie

La rue de la Porte Barachaude, le matin, à la rentrée des classes.

Arrivée à Uzerche par la Pomme

Arrivée à Uzerche par le Tunnel

Uzerche vu de la Lunade

DE CACHAN...................A UZERCHE

Jour de sortie au C.E.G.

Vive la neige !

Passe-temps des vieilles gens l'hiver

Peur de petite fille

Quelle aventure !


FLASHES SUR UZERCHE

Uzerche, ancienne ville fortifiée, est accrochée sur un piton rocheux. Elle est encerclée par la Vézère. On la nomme " La perle du Limousin".

Situation de notre école

Notre école est située au cœur de la vieille ville, sur une petite place. Un peu plus haut, sur un terre-plein se dresse l'église et le lycée de garçons qui surplombent la vallée de la Vézère et dominent la colline de Puy Grolier. De la cour du C.E.G., en contrebas par rapport au bâtiment principal on retrouve la Vézère et une autre colline : la colline de Pleux.

Cosette Aguilella

Martine Monzauge

M. Christine Pouget

Dominique Dubois

La place de la Mairie

Souvent les internes aiment jeter un coup d'œil par les fenêtres grandes ouvertes du C.E.G. Elles ont, face à elles, la place de la Mairie : petite place en pente douce barrée au fond par l'Hôtel de Ville.

Notre C.E.G. est un grand bâtiment en pierre grises, aux formes assez géométriques . Il est accolé sur la gauche à une maison de style renaissance dont les fenêtres sont surmontées d'accolades cannelées.

Très peu de magasins égaient cette place : une mercerie, bonneterie, une petite épicerie où les internes aiment faire acheter des friandises, et une boulangerie. Sur la droite, face au C.E.G. un hôtel attire les jeunes gens. Ils viennent joue au baby-foot. Pendant les inter-classes, avant que le professeur n'arrive, les fenêtres entrouvertes nous apportent leurs cris de joie.

A gauche, sur une petite plate-forme surélevée, l'église impose sa forme massive. Son clocher ajouré se découpe dans le ciel.

Martine Goumillout

Suzanne Brauge

La rue de la Porte Barachaude, le matin, à la rentrée des classes.

Il est 8h moins le quart. Les cars de ramassage arrivent sur la place Marie Colein. Dans une bousculade invraisemblable et un enchevêtrement de sacs, tout le monde descend et se dirige vers l'étroite ruelle de la Porte Bécharie. Tirueuse, bordée de vieilles maisons, elle conduit au lycée de garçons et à notre C.E.G..

Devant nous, des groupes de garçons et de filles, de petits et de grands bavardent, crient ou éclatent de rire. Quel brouhaha ! Ceux qui dorment encore doivent dire : "Voilà les écoliers qui arrivent!".

Bientôt, ils franchissent l'ancienne porte de la ville fortifiée : la Porte Bécharie ou Barachaude dont la voûte enjambe la rue. Puis, toujours traînant leurs sacs rebondis, ils attaquent la côte.

Des voitures montent, d'autres descendent. Lorsqu'elles se croisent nous sommes obligées de nous serrer contre les maisons ou de grimper sur les marches d'escaliers. Ensuite, nous repartons tranquillement.

Tout à coup, un garçon plus pressé, se faufile entre nous et nous bouscule

-"Tu ne peux pas faire attention, imbécile!" lui crie Martine

Et il répond:

-"Mais quoi? Je ne t'ai rien demandé!"

Nous ne répliquons pas: ça n'en vaut pas la peine.

Nous sommes arrivées presque en haut de la rue quand tout à coup Martine me crie:

-"Attention, gare-toi vite"

-"Qu'est ce qu'il y a encore ? " lui dis-je agacée

-"Une voiture arrive à toute allure, elle va t'écraser"

-"Oh! quand même!

Effectivement, une voiture dont le moteur émet un bruit tonitruant nous dépasse en trombe et s'arrête sur la place en faisant grincer ses freins.

Enfin essoufflées d'avoir monté cette pénible côte, nous arrivons souriantes mais un peu tristes de reprendre les cours.

A. Marie Frénoy

Michèle Faucher

Arrivée à Uzerche par la Pomme

Le matin, arrivant à l'école, vers 7 heures et demie, Uzerche s'éveille. En descendant le faubourg de la Pomme, on aperçoit à l'horizon, sur la droite, les sommets arrondis et bleutés des Monédières. Une épaisse couche de brouillard s'élève de la vallée de la Vézère. Là-haut, sur la colline de Ste-Eulalie se dresse le groupe scolaire des Buges. Plus bas, dans la brume, les arches cintrèes qui soutiennent la nationale 20 commencent à se dessiner. Si on lève un peu les yeux, on découvre l'enfilade des vieilles tours moyennageuses qui surplombent la vallée. Tout en haut le clocher de l'église semble toucher le ciel.

Tandis que les lampes brillent aux fenêtres des maisons, déjà la rue s'anime. Les lourds camions des transporteurs roulent sur la nationale 20, les ouvriers se rendent à leur travail en voitures ou en cyclomoteurs que les jeunes prennent plaisirà faire pétarader. Les boulangers, les laitiers livrent déjà leurs marchandises dans les dépôts. Les éleves du lycée de garçons et du collège de filles se rendent à leurs cours. Les uns, ceux qui habitent Uzerche viennent par groupe et mettent une note de gaîeté dans la rue mais la plupart arrivent par les cars de ramassage scolaire. C'est alors un véritable défilé qui s'achemine vers la place de la Mairie.

Nadine Rivière

Michèle Lavaud

Arrivée à Uzerche par le Tunnel

Tous les matins, j'arrive à Uzerche par la nationale 20. Je traverse le tunnel qui vient d'être remis à neuf. Deux rangées de lumière orangées sont encastrées de chaque côte de la voûte.

Lorsque je passe dessous, mes vêtements deviennent tout rosés.

Plus loin, le Pont Neuf, pont à une seule arche, enjambe la Vézère.

A ma gauche, sélève la colline de Ste Eulalie. Sur la pente, s'entassent de vieilles maisons disposées en escaliers. Elles semblent vouloir grimper plus haut , encore plus haut pour surplomber la ville.

A leur pied a été construit un viaduc sur lequel circulait autrefois un tacot remplacé maintenant par une machine rouge, que prennent certains élèves pour venir à l'école.

A ma droite, les eaux de la Vézère retenues par une digue tombent en cascade et retrouvent leurs cours paisible un peu plus loin. Sur la rive droite est bâtie une usine à papier. Quelques arbres encore verts en cachent l'entrée. Une haute cheminée en briques rouges s'élance vers le ciel. Elle crache une fumée épaisse et noire.

En face de moi, juste après le pont, on distingue les deux clochetons de l'hôpital. C'est au dessus qu'est construit le viel Uzerche.

Chantal Roux

Liliane Bourliataud

Yvonne Tenéze.

Uzerche vu de la Lunade

La place de la Lunade est située à tous les vents. C'est le point culminant d'Uzerche. C'est là que se dressent l'eglise St Pierre et le Lycée de garçons. Tout près, un belvédère surplombe la nationale 20 et la vallée de la Vézère. De là, la vue est très belle.

A nos pieds, des jardins descendent en escaliers jusqu'à la route. En face s'arrondit la colline verdoyante de Puy Grolier. Un bouquet d'arbres planté à la pointe se détache sur le ciel. Dans la vallée, la Vézère coule tranquillement en décrivant une boucle. Une route la longe et conduit au terrain de basket où nous faisons la gymnastique. A notre gauche, les arches du Pont Turgot se reflètent. dans l'eau.Un peu plut haut, à mi-flanc de la colline des Buges s'allonge un grand bâtiment tout neuf sur un terrain dénudé; c'est l'école primaire. Au loin, on distingue un sorte de chateau, tout seul au millieu des champs bruns.

Annette Couloumy

Joëlle Dupuy

Jeanine Roux

DE CACHAN...................A UZERCHE

La veille de notre départ régnait à la maison une atmosphère lourde, imprégnée de tristesse. Il fallait préparer nos bagages et faire nos adieux, car nous laissions nos amis, peut-être pour toujours.

Le lendemain, par un beau matin du mois d'aôut,à 6 heures, il fallut partir, prendre le train et dire adieu à notre petit pavillon si paisible de la banlieux cachannaise, quitter Paris et ses bruits qui m'étaient devenus familiers, ma meilleure camarade Christine à qui j'avais dit au-revoir mais pas adieu, je l'espère encore...

Enfin, il faut partir. Maman et moi avons le coeur gros. Mes voisins sont sur le seuil de leur maison. Il y a même petit Serge avec ses boucles blondes. Il a voulu se lever pour nous voir. Nous leur disons aurevoir encore une fois, et nous montons dans la voiture de mon oncle qui devait nous véhiculer jusqu'à la gare où, là, le train allait nous emporter, loin, loin de tout ce qui m'était cher. Je leur ai fait signe de la main aussi longtemps que j'ai pu les apercevoir, et je me les imagine encore, eux aussi, agitant la main, une larme au coin de l'oeil.

Maintenant, il nous faut traverser Paris qui s'éveille. Tous ces gens qui se pressent, se bousculent afin de ne pas arriver en retard au travail, tous ces bruits que j'ai aimés me laissent pourtant indifférente.

Après trois quart d'heure de trajet, nous voilà à la gare d'Austerlitz. Je descends de voiture, prends ma valise et monte prestement les escaliers avec ma mère et mon oncle sur mes talons. Ma mère prend les tickets et nous nous dirigeons vers le train indiqué. Dans le hall de la gare, toutes ces vitrines que j'aimais bien regarder ne m'intéressent plus maintenant. Ma mère et moi disons au-revoir à mon oncle et allons vers le train. J'avance comme une somnanbule vers celui qui va m'emmener dans un pays nouveau, vers une nouvelle vie.

En descendant du train, je suis d'abord saisi par l'odeur vive de l'air, différente de celle que nous respirions à Paris. Le petit bâtiment de la gare d'Uzerche, les bois, la verdure qui s'étendent à perte de vue, ces gens sur le quai parlant , tantôt patois, tantôt français, me reconfortent.

Et la rentrée arriva! C'est avec regret et appréhension que je pris le chemin de l'école. J'allais me trouver là, toute seule parmi tant de visages étrangers. Je devrais affronter les regards curieux, répondre à de multiples questions. Peut-être serais-je victime de réflexions désagréables ?

J'avoue qu'au début, je fus un peu perdue mais maintenant, je me sens accoutumée à l'école, à ce nouveau genre de vie, à Uzerche.

J'aime bien cette vieille ville mais je préfère Paris, Cachan et mon petit pavillon.

Liliane Bourliataud

Jour de sortie au C.E.G.

Le samedi, après avoir déjeuné, les internes font leurs valises pour partir chez elles à quatre heures.

Déjà, dans le couloirs, règne une effervescence inaccoutunée. Les élèves vont et viennent, rient, s'interpellent. Elles grimpent les marches des escaliers, quatre par quatre, et , arrivées au grenier, devant leurs armoires, elles sont hors d'haleine. Là, elles choisissent le linge qu'elles vont emporter et l'empilent dans leur valise. Les préparatifs terminés, elles descendent leurs bagages dans le hall pour ne les reprendre qu'à quatre heures.

Maintenant elles s'apprêtent à aller en cours. Toutes ont pris leurs habits du dimanche. Certaines ont mis leurs chaussures neuves à grosses boucles; d'autres font dépasser leurs dentelles de pantys. D'autres enfin, plus soignées et moins coquettes ont gardé leur tablier.

A 2 heures tout le monde descend se ranger dans la cour. C'est sans antrain que nous montons dans les classes a faire un devoir surveillé. Nous n'arrivons pas à fixer notre attention. Il est bien 2H1/2 quand nous commençons à travailler. A chaque instant, nous jetons un rapide coup d'oeil sur notre montre et poussons de longs soupirs. A 3h1/2 des élèves rendent leurs feuilles et s'agitent. Les autres, en retard, se dépêchent car il leur tarde de quitter le C.E.G. Les bancs grincent, nous chuchotons. Nous attendons avec impatience ces 4 heures qui n'arrivent jamais. Enfin, c'est l'heure ! Nous rangeons nos affaires dans un remue-ménage infernal. La surveillante, impertubable, attend le silence complet pour nous faire sortir. Dès qu'elle nous donne la permission, nous prenons nos sacs et nous nous ruons vers la porte.

Alors, nous courons chercher nos bagages dans le hall. Nous nous bousculons pour rejoindre plus vite nos parents. Enfin, nous partons.

Chritine Pouget

M. Christine Brunet

Annie Noaillac

Vive la neige !

Aujourd'hui, il neige et il fait un froid piquant. La journée de classe est finie et la nuit commence à tomber. Il nous tarde que le car arrive. Quelques-unes trépignent sur place pour se réchauffer, d'autres font des glissades sur le trottoir gelé. Brusquement des boules de neige atterrissent autour de nous. Ce sont les garçons les plus chahuteurs qui nous cherchent querelle. Immédiatement nous rispostons avec des boules bien caillées et une partie déchaînée commence.Nous n'avons plus le temps de fignoler nos boules. Nous essayons de bien viser. Les unes courent, les autres dérapent. Parfois, nous nous rattrapons après nos camarades qui glissent à leur tour et nous entraînent dans leur chute. Quel fou-rire! Aussitôt debout, une autre boule nous poudre les cheveux. Mais bientôt nous apercevons le car et la parti s'achève.

Les garçons, les terribles, ont convenu de jouer un tour au chauffeur. Ils entassent des boules et se mettent à le bombarder dès qu'il ouvre la porte. Il se cache la figure à l'aide de ses bras, se tourne, se retourne. Il essaie de rebrousser chemin et de remonter dans le car mais tout est barricadé. Blanc de neige, il s'éloigne en riant.

La porte enfin libérée, toutes heureuses, nous regagnons nos places.

Jeanine Roux

Annette Couloumy

Michèle Lavaud

Passe-temps des vieilles gens l'hiver

En entrant dans la cusine, j'aperçois mes grand parents assis dans le "cantou", sur les "masillous" de bois. Ils sont en train de marquer les chataignes et, d'un geste habituel, les lancent dans un vieux panier à salade accroché à la crémaillère. Le feu se reflète sur leur visage ridé. Cette chaleur leur est douce, à eux, mais, elle me rend écarlate et m'incommode.

Grand-père a sorti les pieds de ses sabots et les a posés près des cendres. Il fait un "paillasson".A côté de lui, il a posé un fagot de brins de paille coupés de longueur égale. De ses grosses mains crevassées, il partage des ronces en deux et les râches soigneusement pour les rondre fines et souples. Ensuite, d'un rapide mouvement du poignet, il tord la paille. Pour en empêcher la spirale de se défaire, il la coince avec une ronce. Puis il enroule cette grosse corde en escargot. Ce sera le fond du paillasson. Après, il tressera une longue bande qui en fera le tour. Quand la grande corbeille jaune et brune sera finie, on pourra y mettre lever la pâte de pain de campagne.

De temps en temps, Grand-père se penche et secoue les marrons. Une odeur de grillé nous chatouille les narines.

Dans un coin, à la lueur des flammes, Grand-mère tricote de grosses chaussettes de laine de mouton.

Fatigués de leur pénible journée et engourdis par le feu, ils commencent à dodeliner de la tête et s'endorment sur leur "masillous", le travail sur les genoux. Une demi-heure plus tard, le ding-dong de la grande pendule les reveille. Aussitôt Grand-mère demande : "Quelle heure il est ? Déjà dix heures !"

Pépé retire les marrons du feu. Mémé va chercher un bol de lait qu'elle cale dans la coupe des landiers. Pépé, lui, prend la bouteille de cidre doux qu'il a fait réchauffer près du feu. Il s'en verse un verre. Chacun savoure ses marrons à sa guise. Après s'être bien régalé, Grand-père dit :

-"Femme, allons nous couche. Je n'en peux plus !"

Yvette Leygnac

Sylvie Soulier

On vide un étang

Aujourd'hui, 9 novembre c'est la veille de la pêche de l'étang de Meilhards. Elle se renouvelle tous les quatre ans.

Mon frère, mon cousin et deux voisins doivent passer la nuit pour surveiller la vidange et attraper les poissons qui s'échapperaient et aboutiraient dans le rateau, grande plaque perforée, bordée de trois côtés par des grilles.

Le lendemain, je suis debout à 7 heures. J'ai hâte de me rendre à l'étang. Je descends le sentier sous-bois qui y conduit. Beaucoup de monde déjà est arrivé. Quelques personnes se chauffent auprès d'un feu de bois dressé à côté du rateau.

D'autres s'impatientent et des protestations s'élèvent en patois.

Le niveau de l'étang baisse à vue d'oeil, et l'eau coule à flot dans un petit ruisseau. Quelques hommes en cuissardes, postés dans le rateau, frottent la plaque dont les trous sont bouchés par la vase avec des balais-brosses.

Tout à coup, une anguille surgit. Tout le monde crie :"le chiffon blanc, le chiffon blanc !". Ce chiffon permet de ne pas échapper les gros poissons qui ont tendance à se débattre et à glisser dans les doigts. Un homme s'en empare et tente de maîtrise languille. Chaque fois qu'il croit la tenir, d'un brusque coup de queue, elle se libère de sa forte poigne. Après plusieurs tentatives, il la tient. Alors il jette ce serpent marron dans une caisse et on l'emporte dans un tonneau.

Bientôt, en un flot, des carpes, des tanches, des brochets, des perches, des goujons jaillissent. C'est un frétillement de queues qui battent l'air. Une gamme de couleurs allant du jaune pâle à l'orange en passant par des tons de vieil or scintillent dans l'eau boueuse et noire. Au fur et à mesure que les poissons arrivent les tonneaux se remplissent. Des hommes pèsent, trient, et les clients achètent.

Avec une barque plate, deux pêcheurs font descendre les retardataires (les poissons) qui sont dissimulés dans la vase. Quelques carpes et tanches qui résistaient encore au courant s'emprissonnent dans le rateau.

A Midi, je pars déjeuner. Une heure après, mon frère et mon cousin sont de retour. La pêche est finie.

Dominique Dubois

Nicole Pascal

Yvonne teneze

Peur de petite fille

Lorsque j'étais plus petite et plus naïve, j'avais souvent peur de rien.

Il est onze heures du soir. Une bande de jeunes gens passe dans la rue en faisant un grand vacarme. Réveillée en sursaut, je ne peux me rendormir. J'entends le vent qui siffle, secoue le zinc des gouttières...

Puis le silence se rétablit peu à peu mais, soudain deux "crac, crac" successifs font résonner la vieille armoire. Le coeur battant, j'épie les moindres bruits. Les yeux ouverts dans la chambre obsure, je vois des ombres fantastiques se dessiner sur les murs. Elles grandissent, rétrécissent... me font frèmir.

Maintenant, c'est le parquet qui gémit comme si quelqu'un marchait dans la chambre. J'appelle ma soeur qui ne repond pas :elle dort profondément. Je m'affole et je crie plus fort, puis je m'enfouis sous ma couverture. Maman accourt, allume la lampe.

-"J'ai entendu ququ'un ouvrir l'armoire et marcher dans la chambre" expliquais-je, d'une voix altèrèe.

-"Tu vois bien qu'il n'y a personne, tu as entendu craquer le bois, ce n'est rien. Sois donc un peu plus raisonnable ! Si je n'étais pas venue, tu aurais encore la tête sous la couverture et serais en train d'étouffer."

Honteuse, ne trouvant rien à répondre, je m'endors.

Liliane Bourliataud

Quelle aventure !

Un jour,pendant les grandes vacances, sur la route d'Espatignac, je m'en allais gaiement sur le vélo de ma petite soeur.

La route descendait en pente raide et je prenais peu à peu de la vitesse. Grisée par le vent qui me fouettait le visage, l'idée me vint de m'asseoir sur le porte-bagages. Prudente, j'essayai de ralentir. Je serrai les freins de toutes mes forces mais sans résultat. Ils étaient cassées et je ne le savais pas ! Sans perdre mon sang frois, je me dis :"tu n'as qu'à sauter dessus, en marche". Malheur à moi ! Très vite, je sentis que je perdais l'équilibre ; alors je m'agrippai brusquement au guidon. La secousse fit zigzager le vélo, je ne pouvais plus m'arrêter. Je sentis la sueur couler sur mon visage. Que faire? J'essayai de contrôler mon vélo mais il s'en allait maintenant tout droit devant lui et je rentrai de plein fouet dans un poteau.

A demi-étourdie par le choc, j'ouvris doucement les paupières. Des douleurs à la cheville me soulevaient le coeur. c'est alors que je fondis en larme: mon vélo était complètement écrasé, et ma cheville était sûrement cassée.

Comment faire pour remonter chez moi? Attendre qui? Quoi? Je ne le savais pas? J'enlevai ma chaussette. Ma cheville était enflée et cela faisait deux bosses. Je la massai doucement avec mon mouchoir.

Tout à coup, je vis avec joie ma camarade qui venait à ma recherche. Quand elle me trouva dans cette situation, elle me pressa de questions et je lui répondis tout en sanglotant. Elle devint toute pâle. Elle essaya de me consoler mais je ne pouvais même pas lui rendre son sourire tant j'avais mal. IL fallait pourtant prendre une décision. Alors Isabelle dit, sans hésiter :

-"tu n'as qu'à monter sur le vélo et je vais essayer de te pousser jusqu'à chez toi"

Arrivée à un tournant, Isabelle , les joues écarlates, les bras et le jambes coupés, décida de faire une halte.

Elle m'aida à descendre du vélo pour aller me reposer sur un petit mur ensoleillé. Comme par hasard, une voisine se promenait sur cette route. Surprise de me voir allongées, les larmes aux yeux, elle me demanda ce qui m'était arrivé. Je lui expliquai ma mésaventure. Elle me répondit.

-"Mon mari doit venir me chercher, tu n'as qu'à l'attendre et il t'emménera chez toi"

Je ne refusait pas, bien sûr. Dans la voiture, mon coeur battait très fort : j'avais peur d'être grondé et ma cheville me faisant de plus en plus mal. Devant chez moi, un coup de klaxon fit descendre maman, affolée, se demandant ce qu'il y avait.

Vite, je la rassurai. Je lui expliquai en deux mots que je n'avais qu'une simple foulure à la cheville.

Le soir, on m'emmena à Meilhard. Dans la voiture, je me calai contre le siège et ne cessai de répéter en moi-même; "qu'il me tarde d'être à demain !".

Un coup de frein brusque interrompt ma rêverie et me signala qu'on était arrivé chez la rebouteuse. Tandis qu'elle me soignait, je mordais nerveusement mon mouchoir.La gorge serrée, je n'osais pas pleurer car il y avait un garçon de mon âge et sans doute, se serait-il moqué de moi ! Mais bientôt, à bout de forces, je me mis à sangloter car elle me faisant très mal et de voir tous les mouvements brusques qu'elle faisait faire à ma cheville, il me semblait que j'avais encore plus mal.

Une fois le supplice terminé, j'essuyai les grosses larmes qui sillonnaient mon visage.

En revenant, j'étais un peu soulagée mais penaude de ma mésaventure. Qu'aurais-je fait si Isabelle n'étais pas venue à ma recherche ?

Martine Monzauge

Michèle Lavaud

Odile Ménard