Un papillon s'est envolé en silence dans la nuit
Laissant derrière lui des larmes de rosée.
Un rire cristallin
S'est éteint.
Et c'est un sourire du Temps qui doucement s'enfuit.
Je n'étais que passant un instant ébloui par une douce clarté.
Je n'étais que quidam , doucement interpellé.
Mon amie m'a parlé
D'un souffle fatigué
Mon amie m'a confié
Que demain s'en irait
Seul, sans elle..
Nous avions partagé des moments de sourires
Des secondes graves et lourdes
A voir la Mort venir.
Et quand la douleur sourde
Etranglait son sourire,
Je n'avais pas, je n'avais plus de mots
Je n'étais rien que vide.
Ce papillon, sachez le , s'appelait Gracie.
Ce papillon, croyez le, etait juste mon amie.
Sa confiance etait celle de ces timides fées
Qui , à l'orée des bois, aux confins de la nuit
Restent à vous regarder, guettant une main amie
Sachez qu'elle nous aimait, frères, surs
Amis complices de ses sourires
Qu'elle se plaisait à noyer sa douleur
Dans le tohu-bohu de nos rires.
Sachez aussi, vous qui la pleurez doucement
Qu'ici aussi son cur d'amour était.
Et qu'une âme, en peine de Papillon perdu
Reste assise là, à guetter l'air du Temps.
A rêver de Gracie revenue
De Gracie libérée.
Sachez enfin, passants pressés
Que le cur d'une enfant,
Que des yeux de treize ans
Scrutent en silence votre respect pour
L'ombre d'une mère aimante
Et pèsent son absence
Alors, passants qui vaquez
Vous qui posez ici des mots toujours pressés,
Venez un instant vous asseoir à l'ombre du sourire
Venez prendre le temps de voir: la Vie est belle
.
Il reste de notre Ange d'assez bienveillantes ailes
Pour que vous puissiez comprendre
Pour qu'enfin vous sachiez apprendre
Que rien ne vaut une main tendue
Qu'aucune richesse n'égale jamais
Celle d'un sourire rendu.
Vous qui courez allègrement
Vers votre Demain prometteur
Sachez un peu redéfinir
Tout le poids de vos dires
Pour que Là-bas les ailes du Papillon
Battent encore doucement
Et veillent avec attention
..
Et gardez souvenir
de notre gentille Gracie.
Je n'étais que passant, somnolant
Le Papillon s'est évaporé à l'aube du Printemps
Sans me laisser le Temps
.
Mais il reste tous ses sourires de cur,
Posés dans les prunus en fleurs
.
Alors
Vous qui passez et avez souri avec elle
Souvenez vous que la vraie mort
Est celle de l'oubli, des fleurs en pierre.
Tant que des bribes de vos rires lui parviendront
Alors battront toujours ses ailes
Alors restera parmi nous
Le papillon Gracie
Saxotenor
12/03/2001