EXTRAITS D'UN JOURNAL FAIT AU LYCÉE D'UZERCHE PAR DES ELEVES DE 5° . JOURNAL QUI ETAIT ADRESSÉ À UN AUTRE LYCEE EN FRANCE. IL SERVAIT DE CORRESPONDANCE EN ELEVE QUI NE SE SONT JAMAIS RENCONTRÉS.


TRANCHES DE VIE "AVRIL 1969" C.E.G. UZERCHE 5° II a

La Source

L'usine Royer

Un meunier

Les Ardoisières

On tue le cochon

La fête des Rois au C.E.G

Un match de basket à Lubersac


La source

Lorsque la source s'éveille,
Toutes les fleurs s'étirent.
Elles ouvrent leurs corolles vermeilles
Et dans l'eau claire se mirent.

Elle sautille de pierre en pierre
Comme un petit chevreau capricieux;
Elle fait le tour de la terre
Avec ses jolis yeux bleus.

Les papillons viennent s'y contempler
Avec grâce et légéreté;
Les libellules y vont danser
En rondes satinées.

Et, quand le soir tombe,
Les étoiles s'y reflètent,
Et touchent l'onde
Avec leur queue scintillante.

Clavel Jacqueline

L'usine Royer

Du fond de cour de notre école, nous apercevons dans la valée un grand bâtiment. C'est l'usine Royer, où l'on fabrique le carton. Elle est bâtie au pied de la colline de Pleux et s'étire le long de la Vézère.

L'eau rase ses murs, si bien qu'on pourrait croire qu'elle est construite sur pilotis. De ses nombreux toits d'ardoises s'élance une immense cheminée conique, en briques rouges. Elle crache une fumée noire et épaisse. Lorsque les fenêtres de la classe sont ouvertes, nous entendons le ronflement monotone des machines au travail.

En quoi consiste le travail de ces machines ? Celui des ouviers ?

C'est ce que vont vous dire deux camarades qui ont fait, pour vous, une enquête sur ce sujet.

Rivière Nadine

Roux Janine

Un samedi soir nous sommes allées interviewer chez eux, nos voisins : ouvriers à l'usine Royer. Nous voulions savoir comment ils fabriquent le carton. Ils nous ont très bien reçues et ont répondu très gentiment à nos questions.

Voici ce que nous avons appris. Deux cents ouvriers sont employés dans cette usine. Les uns travaillent à la papeterie, les autres à la cartonnerie ou au façonnage, d'autres encore s'occupent de l'entretien des machines.

Comment travaillent les ovriers de la papeterie ?

Ils reçoivent des vieux papiers par camions. Après avoir été mélangés avec de la paille et de l'eau, les papiers passent dans un pulpeur où le tout est broyé. La pâte ainsi formée est étalée par des espèces de tuyaux pareils à des trompes, sur des toiles tissées en cuivre laiton (métal rouge) Les toiles passent sur des caisses aspirantes qui essorent la pâte. Cette dernière durcit et se change en feuille. Elle est décollée puis posée sur un feutre muni d'une presse puis la feuille continue sa course vers un nouveau feutre muni, lui de deux presses.

Ensuite, on place la feuille dans la sécherie". C'est alors qu'elle entre dans une frictionneuse qui achève de la sécher. Puis la feuille est enroulée autour d'une enrouleuse pour former les énomes bobines. Enfin un palan éléctrique amène les bobines dans une dérouleuse pour qu'elles soient divisées en rouleaux.

Mon père qui travaille à la cartonnerie m'a décrit cette autre partie de l'usine.

La cartonnerie est située entre la papéterie et l'endroit où se fait le façonnage. C'est un bâtiment long d'environ soixante mêtres. Al'entrée, se trouvent deux machines : les oduleuses. L'une est appelée la petite canelure et l'autre la grosse canelure. On introduit d'un côté une feuille :" la Kraft" et de l'autre une feuille plus simple "la paille". La Kraft passe entre la presse et le canneleur tout en prenant la colle dans une encolleuse. Puis, entraînée par un tapis roulant, elle poursuit sa course vers une autre machine appelée Ecolleuse Martin. La Kraft prend alors une autre feuille la paille. Celle-ci couvre la canelure et la colle en même temps. Cela forme le carton. Ensuite, il va sur la table et passe entre deux feutres qui l'entraînent. La table est chauffée au maximun à douze kg de pression pour sécher le carton qui ensuite entre dans la coupeuse où il est découpé en feuilles. Le ramasse-feuilles les prend, les éjecte et les empile.

Annette Couloumy

Anne Marie Frénoy

Un meunier

Me voilà sur le quai du moulin où viennent se garer les gros camions.

Devant moi s'ouvre l'intérieur du moulin. Une fine poussiére blanchit les machines, les deux bascules et les sacs empilés sur trois rangs. Un bruit de moteur régulier et sourd fait vibrer les vitres et les planches. C'est là, dans cette atmosphére, que travail mon oncle. C'est un homme de taille moyenne un peu fort.

Mainteant, il se dirige vers le broyeur qu'il met en marche. Un bruit insupportable, mêlé au cliquetis des grains projetés contre le tuyau, emplit la pièce.Soudain, un tracteur rentre dans la cour. C'est un client qui vient chercher des aliments pour les veaux. Mon oncle les lui roule avec le diable et les charge sur la remorque. Puis ils se mettent à discuter en patois. Enfin l'homme paie, démarre son tracteur et s'en va. Bientôt, un camion de dix tonnes arrive et se gare devant le quai. Il vient livrer de l'orge. Mon oncle appelle son fils et avec le chauffeur ils commencent à décharger les sacs. Ils les empilent dans le fond d'un magasin situé tout près. Une fois le camion parti, mon oncle entreprend de coller des étiquettes à son nom sur des sacs pleins de farine de blè et de seigle. C'est ainsi qu'il termine sa journée.

Pour faire ce métier là, il faut être très robuste et ne pas craindre la poussière. Le costume du dimanche n'est pas de mise; Il faudrait l'apporter trop souvent au nettoyage!

Tenéze Yvonne

Les Ardoisières

Un jour, une camarade et moi sommes allées interviewer les ouvriers des ardoisières de Travassac.

Nous leur avons demandé, s'ils pouvaient nous renseigner sur les puits. Etant donné qu'ils ne travaillent pas à l'intérieur, ils nous en ont très peu parlé. Voilà tout de même ce qu'ils nous ont dit.

Lorsqu'ils cherchent un puits, ils creusent jusqu'à trente mètres de profondeur. Si, à ce moment-là, la terre est plus jaune, c'est qu'ils ont trouvé un bon puits (on appelle cela la trame). Alors, à l'aide d'un pelleteuse empruntée aux entrepreneurs de Donzenac, ils continuent à creuser jusqu'à 150 mètres de profondeur. Plus tard seulement, ils perceront les galeries. Lorsqu'ils trouvent des filons de marne, cela veut dire que le puits n'est pas bon.

Les mineurs descendent dans le puits à l'aide d'une grue. Ils s'éclairent avec des projecteurs.

Les blocs remontés à la surface sont attachés par des chaînes et soulevés par un dérique. Ces blocs peuvent peser plus d'une tonne. Il faut faire très attention en les remontant car ils pourraient se détacher et provoquer un accident.

Quand les blocs arrivent à la surface, ils sont chargés dans des wagonnets qui les conduisent jusqu'aux ouviers spécialisés ou cliveurs. Ceux-ci, assis sur le chantier, prennent un bloc et le placent sur leurs genoux recouverts de vieux chffons. A l'aide de ciseaux et d'un marteau ils fendent la pierre en feuilles. Ils vérifent la solidité de l'ardoise en lui donnat de petits coup de marteau. Si celle céde, elles est rejetée sur le sol. Au contraire, si elle résiste, elle est amenée à d'autres ouvriers ou tailleurs qui, eux, assis sur un tabouret et devant une enclume, lui donnent la forme voulue à l'aide d'un instument semblable à un hachoir. Il y a cinq sortes d'ardoises: la forte, la demi-forte, l'ogive, le carré ogive et le 2ème choix.

Tailleurs et cliveurs travaillent dehords. L'été, ils se protègent du soleil et de la pluie en s'intallant sous des "paillotes", l'hivers, les "goubis" les préservent du froid.

Le matin, ils embauchent à 7 heures et travaillent jusqu'à midi. L'après-midi, ils reprennent à 13h30 mm et quittent à 17 heurs. Ils apprécient les avantages que leur offre ce mètier : sécurité sociale, la retraite à 50 ans pour les ouviers de fond et à 55 ans pour les ouviers de surface.

Si un jour vous venez en Corrèze, vous pourrez aller les voir car c'est très beau à visiter.

Clavel Jacqueline

Andrieux Jeanine

On tue le cochon

Tous les ans, à la fin de février, alors qu’il ne fait ni trop chaud, ni trop froid, mes parents tuent un cochon. Nos trois voisins viennent avec joie donner un coup de main. En général, nous tuons la bête le matin. Ainsi, nous avons toute la journée devant nous pour arranger la viande.
Il est neuf heurs. Comme il fait beau, les hommes s’installent dehors. Ils prennent une vieille porte sur laquelle ils vont mettre le cochon. Mon père, suivi d’un voisin, une corde à la main rentrent dans l’étable. Ils coincent l’animal contre le mur et lui passent la corde autour du cou. Puis, ils le traînent jusqu’à la porte qui va servir de table. Et, ils le hissent dessus. Ils lui attachent les pattes pour qu’il ne s’échappe pas. Le tueur aiguise son grand couteau pointu. Il s’approche du cochon qui se débat et à un endroit précis, il enfonce le couteau. Aussitôt l’animal pousse des cris suraigus. Pendant ce temps, maman s’approche pour recueillir le sang que l’on utilisera plus tard pour faire les boudins. Maintenant, le cochon est mort. Les hommes peuvent allumer une cigarette en paix avant de continuer leur travail. Avec deux morceaux de bois qu’ils plantent de chaque côté du ventre de la bête, ils la font tenir en équilibre sur le dos. Ensuite, mon père l’asperge avec un jet de manière à enlever toutes les saletés.
Un moment après, les hommes recouvrent le cochon de paille, pour brûler les poils. Ils laissent flamber au moins 10 minutes. Une odeur de viande brûlée se répand partout. Quand la bête est bien flambée, avec des couteaux, ils raclent la peau pour qu’elle soit bien lisse. Puis, ils la lavent, la rincent et le tueur découpe la viande : travail délicat.
Il prend son couteau, bien nettoyé. Tout de suite, il ouvre le ventre de l’animal en partant du milieu. Jusqu’à la gorge de la bête, il fait une ligne bien droite. Puis, après, il coupe l’arrière du cochon. Il enlève les entrailles que nous jetterons dans la " pêcherie " pour les poissons. Avec une petite hache, papa va fendre la tête. Cela est un peu difficile car il y a beaucoup d’os. Après un instant de dur travail, toute la viande se présente en morceaux. Nous la mettons dans la cave pour qu’elle soit bien au frais. Maman, demain, en fera des bocaux, des saucisses, des boudins, des pâtes qui régaleront tout le monde.

Brunet Marie Christine

La fête des Rois au C.E.G.


Ce soir, nous célébrons la fête des Rois au collège. Folles de joie, nous pénétrons au réfectoire où résonne un brouhaha assourdissant.
Comme à l’Ordinaire, nous dînons. Vers la fin du repas, les surveillantes déposent sur chaque table une bouteille de vin blanc qu’elles débouchent. Puis elles apportent les belles galettes brunes décorées d’une couronne en papier doré. Avec précaution, Sylvie découpe le gâteau. Des regards gourmands suivent chacun de ses gestes. À tour de rôle, nous prenons une part de cette belle galette.
Chacune palpe son morceau et en examine la tranche pour voir si la fève ne dépasse pas. Nous épions nos voisines et guettons le coup de dent fâcheux qui fera faire la grimace à la future reine. Marie-Hélène, persuadée qu’elle n’a jamais de chance, mord à belles dents dans son morceau. Tout à coup, quelque chose de dur se coince au fond de sa gorge. Elle fait une horrible grimace qui la défigure. Elle tousse et un petit bonhomme tout nu et tout blanc est projeté sur la table. C’est la fève. Aussitôt, c’est l’hilarité complète. Seule, notre camarade est toute rouge de confusion. Mais, bien vite, elle se reprend et pose la couronne sur sa tête. Nous l’applaudissons et crions :" Pour la reine, hip ! hip ! hip ! hourra ! ".
Maintenant, des tables s’élèvent des exclamations de joie.
Madame la directrice arrive, accompagnée des surveillantes cuisinières. Elle fait un petit discours et termine en disant : " Et si nous chantions un peu maintenant. " Nous hurlons de joie. " Oui, Oui ".

Une ou plusieurs élèves de chaque table se préparent à chanter. Les une après les autres, eles se placent au fond du réfectoire. Elles sont en face de nous, écarlates et gauches de sentir tous ces yeux rivés sur elles. Le silence s’établit. Nous écoutons avec admiration la chanson qu’elles interprètent d’une voix un peu tremblante. Dès qu’elles ont fini, elles se hâtent vers leur place. Elles poussent un soupir de soulagement. Nous les applaudissons chaleureusement. Quand tout le monde est passé, nous crions de toutes nos forces les noms des surveillantes pour qu’elles viennent nous chanter un refrain. Quelques-unes se dévouent pour nous faire plaisir. Puis, les élèves qui ont été les meilleures chanteuses reviennent.
Vers neuf heures et demie, Madame la directrice nous dit : " Je crois qu’il est temps d’aller au lit. " Nous montons au dortoir avec regret. Cette soirée a passé bien trop vite.

Nouilhac Annie
Rouland Nicole
Soulier Sylvie

Un match de basket à Lubersac


En me réveillant ce matin, je suis folle de joie. C’est aujourd’hui que nous jouons notre premier match de la saison contre Lubersac.
Le départ est fixé à 1h30. En tout, nous sommes dix-sept : 9 cadettes, 8 minimes plus le professeur de gymnastique. À 2h moins 20 nous attendons toujours sur la Place Marie Colein, le car qui doit nous emmener. Le chauffeur a peut-être oublié qu’il devait nous conduire !
Nous donnons un coup d’œil aux vitrines pour tromper notre impatience, nous guettons les voitures en arpentant le trottoir. Va-t-il arriver ce car ? Enfin nous l’apercevons. C’est lui ! Nous poussons un soupir de soulagement et nous empoignons nos sacs. Bientôt, nous nous engouffrons dans le car et le chauffeur démarre.
Nous chantons à tue-tête, nous grignotons quelques friandises. Comme il nous tarde d’arriver à Lubersac ! Enfin nous y voilà. Nous sommes accueillies gentiment par les filles de Lubersac. Au vestiaire, nous nous mettons en tenue. Puis, nous nous échauffons un peu. Ce sont les cadettes qui commencent à jouer. Nous les acclamons vivement. Après une brillante victoire de14 à 2, nous entrons à notre tour sur le terrain.
L’arbitre est notre professeur de gymnastique. En quelques secondes nous sommes à nos places. Les deux capitaines sont face à face au milieu du terrain. Le sifflet retentit. Et le match commence. Nos adversaires sont très fortes et rapides. Attention ! Uzerche a la balle, il faut essayer de la garder le plus longtemps possible. Une coéquipière me fait la passe. Je regarde furtivement autour de moi. Je repère une fille démarquée. Sans hésiter, je lui envoie le ballon. Elle fait quelques mètres en driblant pour se rapprocher du panier. Puis elle tente sa chance. Mais elle a raté son tir. Nous récupérons vivement la balle, la lançons à nouveau. Cette fois, elle descend dans le filet. Les spectateurs applaudissent. Écarlates, nous remontons faire la défense.

Par endroits, le terrain est gravillonné et quand nous arrivons à toute vitesse, nous dérapons. Les filles de Lubersac s’énervent. Nous devinons qu’elles veulent marquer un panier. Mais nous saurons bien les en empêcher ! Juste à ce moment, une fille s’échappe et marque deux points. Plus que 5 minutes et ce sera la mi-temps. Nous sommes très fatiguées, et c’est avec soulagement que nous accueillons le coup de sifflet qui annonce la détente. Nous avons très chaud. Notre professeur nous donne quelques conseils et nous félicite car nous faisons bien la défense, la récupération.
Bientôt, nous reprenons le match. Maintenant que nous sommes un peu reposées, nous allons suivre nos adversaires de près. Mais gare aux fautes personnelles ! Tout à coup ma camarade s’échappe et marque un panier de très loin. Nous lui tapons amicalement sur l’épaule. Maintenant Lubersac a le ballon. Nous ne les lâchons pas " d’une semelle ". D’un engagé d’épaule gauche, le N°8 marque un panier. Les scores ? Nous sommes à égalités. Mais le match n’est pas encore fini. On me lance le ballon. Je balaie le terrain des yeux. Aucune de mes coéquipières n’est démarquée. Alors, je tente le tout pour le tout. Je drible rapidement et je shoute en course : le panier est réussi. Il ne reste plus que quelques minutes de jeu. Nous avons de l’espoir. Nous menons de deux points. L’arbitre siffle la fin du Match. Nous avons gagné ! Nous nous précipitons les unes vers les autres en nous félicitant.
Puis nous allons nous rhabiller et après un bref goûter nous regagnons Uzerche, satisfaites de notre victoire.


Pouget Marie-Christine