Suite

EXTRAITS D'UN JOURNAL FAIT AU LYCÉE D'UZERCHE PAR DES ELEVES DE 5° . JOURNAL QUI ETAIT ADRESSÉ À UN AUTRE LYCEE EN FRANCE. IL SERVAIT DE CORRESPONDANCE EN ELEVE QUI NE SE SONT JAMAIS RENCONTRÉS.


TRANCHES DE VIE "DECEMBRE 1968" C.E.G. UZERCHE 5° II a

La Légende du Veau d'Or

Mon Chateau fort

Le Père Noël

Noël

Noël ! Noël !

Le réveillon au C.E.G.

La bruyère

Les bûcherons

Une partie de chasse sur le Puy Chatras

Veillée dans le "cantou"

Foire à Masseret

Un bon tour


La légende du Veau d'Or

Si un jour vous venez à Uzerche, vous verrez, au pied de la porte Barachaude, sur un petit mur,un gros bloc de pierre où sont sculptés les armes d'Uzerche. Au centre, sur un médaillon en relief, deux gros taureaux sont encerclés par des branches de châtaigniers. Au fronton de la pierre, une large couronne semble veiller sur ces deux bêtes.

Si vous circulez dans les étroites ruelles de notre cité, peut-être découvrirez-vous sur les façades de quelques maisons, des animaux sculptés. Pourquoi cela ?

L'histoire raconte qu'aux temps de Pépin le Bref, notre ville fut choisie comme centre de résistance. Une garnison y fut installée. On fortifia la ville. De nos jours, quelques uns de ces murs soutiennent encore des jardins sui sous le lycée des garçons dégringolent jusqu'à le nationale 20. Pépin le Bref fit aussi reconstruire l'abbaye (bâtie autrfois par les barbares). Elle occupait sans doute l'emplacement actuel de notre école et de l'église. C'est par là que fonctionnent aussi nis classes de spéciales.

Une enceinte de hautes murailles garnies de dix-huit tours ensaillie protégeait le coeur de la cité. De nos jours, il en reste encore quelques-une qui sont en assez bon état.

Plus tard, les Sarrazins assiégèrent la ville, ils étaient persuadés qu'une fois maîtres de cette clef du haut et du bas limousin, ils pourraient sans danger pousser plus en avant.

Après avoir soutenu le siève sept ans, les habitants n'avaient plus pour toutes ressources qu'un seul taurau et une très faible quantité de froment. Alors, résolus de s'ensevelir sous les débrits des remparts, ils bravent leurs angoisses de la faim et le désespoir leur inspire une résolution suprême.

Ils gorgent leur dernier taureau du froment qu'il leur reste, puis par un chemin souterrain qui conduit au bord de la Vézère, ils le lâchent dans le camp ennemi. Aussitôt, ceux-ci s'en emparent et le tuent.

Lorsque les Sarrazins découvrirent la quantité de grain ingéré, ils pensèrent que les habitants ne périraient jamais de faim. Alors, ils lévèrent le siège.

Uzerche fut libérée.

C'est en souvenir de cet évenement que le taureau fait partie des armes de la ville.

Martine Monzauge

A. Marie Frénoy

Mon Chateau fort

J'habite à Donzenac une ancienne cité féodale dont il reste encore quelques vestiges.

A la place du mur d'enceinte a été construite une route. Elle aboutit sur une petite place agrémentée d'une fontaine du XIIe sciécle d'où jaillit de l'eau par la gueule de quatre lions. C'est là que j'ai la joie d'habiter, dans un ancien chateau fort restauré. Sa porte d'entrée est surmontée d'un porthe flanqué d'une tour de garde. Il reste encore sur la façade deux trous par lesquels passaient les chaînes qui actionnaient le pont-levis. Les murs ont un mètre cinquante d'épaisseur: le tonerre peut gronder, les bangs retentir, jamais cette grande bâtisse ne frémit.

A l'intérieur de la cave voutée s'ouvre un souterrain qui accédait à un autre chateau. En face, des obliettes maintenant bouchées, étaient destinées qux prisonniers.

Quand j'étais petite, je n'aimais pas m'amuser dans cet endroit noir et frois. Il me semblait sinistre et j'y avais peur. Je préférais jouer à la poupée dans les épaisses embrassures des fenêtres. Là, je m'y sentais bien. J'aimais aussi me réfugier avec mes jouets dans une alcôve située dans une chambre. Quand je voulais être bien chez moi, je tirais le rideau qui la séparait de chez mes parents.

Maintenant, j'ai grandi, je ne joue plus à la poupée, mais j'aime toujours autant ma vieille maison car elle me rappelle mon enfance heureuse et solitaire.

Jeanine Andrieux

Jacquline Clavel

Le Père Noël

Ô !Père Noël
Tel un petit lutin
Vêtu de rouge
De la tête au pieds
Quand tu descends
Par la cheminée
Les habits souillés
De cendre et de suie
Ô Père Noël
Tu portes sur ton dos
Un gros ballot
Rempli de jouets
Que tu déposes, sans bruit
Près de la cheminée
Et tu nous fuis
Vite, vite
Car ton traîneau de nains
Et tes huit petis rennes
T'attendent non loin
Puis tu disparais
Dans un bruit de clochettes
Ô ! Père noël
Après ton passage
Toute la terre
Résonne de ces mille tintements

Liliane Bourliataud

Noël

Noël, joie des enfants,
Noël, Joie des parents,
Après la veillée,
Avant de vous coucher,
Posez tous vos souliers,
Vos beaux souliers dorés,
Devant la cheminée décorée,
Puis allez tous vous coucher,
Sinon pas de jouets
Et vous serez vexés.
Le père Noël passera,
Et il déposera,Dans vos souliers
De beaux jouets dorés,
Dorés comme vos souliers
Puis sur le sapin,
Il mettra des pantins,
Des pantins dorés,
Dorés comme vos jouets,
Dorés comme vos souliers.
Puis le lendemain,
Vous regarderez le sapin,
Et vos souliers.
Vous serez satisfaits,
Et vous direz tous:
"Vive Noël"

Cosette Aguilella

Noël ! Noël !

Noël chantera toujours ans le coeur des enfants !

La veille, ils déposent doucement leurs chaussures près de la cheminée ou du sapin,sous l'oeil ému de leurs parents. Puis ils vont chercher du pain pour le petit renne au nez rose et le Père Noël. Avant de se coucher, ils allument une à une les bougies suspendeus à l'arbre et éteignent la lumière. Ils s'approchent tout près de la flamme qui miroite dans leurs yeux pétillants de joie. Quelle merveille, un sapin tout éteincelant de lumières! Les guirlandes et les cheveux d'ange scintillent, les boules multicolores rutilent sur les branches vertes.

Ensuite, ils se dirigent vers la crèche. Là, agenouillés, leurs petites menottes croisées, ils prient avec une ferveur inacoutumée pour que le petit Jésus leur apporte beaucoup de cadeaux.

Enfin, prestement, ils sautent dans leurs lits et recommandent bien fort à leur maman de les réveiller lorsque le Père Noël arrivera. Ils font tout leur possible pour garder leurs yeux grands ouverts, mais bientôt , un sommeil invincible les engourdit et leur tête etombe lourdement sur l'oreiller parfumé de lavande.

Le lendemain, ils sont les premièrs réveillés. Vite, ils courent pieds nus à leurs chaussures et :Ö merveille ! Ils arrachent les fichelles, déchirent les papiers et des exclamations fusent de partout. Puis ils se ruent vers leurs parents, les entourent de leurs petits bras et les étourdissent de paroles. Les plus grands, eux qui savent, déplient lentement leurs paquets et contemplent avec envie, ces visages rayonnants.

Les mamans attendries, sourient à leurs enfants joyeux. Las papas admirent tous ces jouets et pensent que de leur temps ils se contentaient bien d'une voiture avec des roues en bois qu'ils fabriquaient eux-mêmes.

Jeanine Andrieux

Jacqueline Clavel

Le réveillon au C.E.G.

Bientôt, c'est Noël et le reveillon tant attendu de nous toutes internes.

Une dizaines de jours avant nous avons l'habitude de décorer le réfectoire, qui accueillera Mme La Directicee, nos professeurs, les cuisinières et nous mêmes.

Les 5èmes et le 6èmes sont chargées de rapporter de la verdure quand elles iront en promenade. C'est pour elles une partie de plaisir. Nous grimpons sur les talus, nous nous pendons aux branches et nous tirons de toutes nos forces afin d'arracher du lierre. La terre glisse sous nos pieds. Tout à coup, une fille dérape et se retrouve dans le fossé. Alors, des éclats de rire l'accueillent et on entend:

-"Alors qu'est ce qui t'arrive ? Tu ne tiens plus sur tes jambes!"

Penaude, elle se relève, et se remet au travail.

Quand la surveillante juge que le tas de feuillage est suffisant, chacune d'entre nous en prend une brassée et nous nous rangeons. On ve voit qu'un défilé de bouquets d'arbres et de têtes qui se tournet sans cesse à droite, et à gauche. Qualques-unes sont tellement chargées qu'elles en sèment la moitié. On pourrait presque les suivre à la trace. En arivant au collège, nous poussons un soupir de soulagement en nous débarrassant vivement de notre fardeau. Puis deux jours avant le réveillon, deux hommes amènent un grand sapin, que les grandes campent au fond du réfectoire dans une cisse remplie de pommes de terre. On le garnit de guirlandes, e boules multicolores, de bougies et de petites fusées qui lanceront des éclats de feux lorsqu'on les allumera.

Les 4èmes et les 3èmes sont juchées sur les tables et les bras tendus habillent les tuyaux de lierre et de roses rouges. Les trois tubes en néons sont devenus violets, rouges et verts. Quelques élèves - les plus adroites- inscrivent sur le mur "Joyeux Noël", en français, en anglais, et en allement avec des feuilles de houx. Les spéciales accrochent des cheveux d'anges qui brillent de tous leurs feux, au dessus e nos têtes en d'entrecroisant.

Le réfectoire commene à être merveilleux. Mais, il est interdit d'y pénétrer car les grandes nous claquent la porte au nez en disant:

- "Sortez ! vous êtes pénibles ! Vous le verrez bien quand il sera terminé."

Nous ripostons. Nous trichons et glissons un rapide coup d'oeil par le trou de la serrure, mais nousne voyons rien. Alors, nous sommes bien obligés deleur céder.

Cette année, les 3èmes sont beaucoup plus aimabes. Elles nous laissent rentrer avec plaisir car elles aiment les compliments.

Marie Christine Brunet

Marie Christine Pouget

Yvette Leygnac

C'est le soir du reveillon. Le réfectoire est fin prêt, mis pas questions d'y pénétrer, nous, les petites.

Seules, les 3èmes sont ce privilège. Nousleur passons nos couverts pour qu'elles nous grent nos places à table.

Dans les couloirs, tout le monde crie et s'interpelle dans un va et vient continuel.

Vous ne reconna^triez pas les écoliers de tous les jours. Elles se sont faites belles, et certaines étrennent leurs robes achetées pour cette occasion. Soudain, le sifflement retentit. Nous nous rangeons par trois devant le réfectoire mais cela ne nous empêche pas d'y entrer en trombe.

Un menu plus rafiné qu'à l'ordinaire nous attend:

le tout, accompagné de vin blanc.

C'est un vacarme assourdissant, d'où s'échappent des exclamations de plaisir et de surprise devant chaquemets. Si un plat tarde à arriver, nous frappons vigoureusement sur la table, avec nos coudes et nos cuilleres, pour manifester notre impatience.

C'est un tintamarre infernal.

Le repas terminé, les 4èmes sortent les tables du réfectoire et les rangenet sous le préau.

Pendant ce temps, les professeurs arrivent et commencent à réveillonner. Ensuite, l'un deux met le tourne-disques.

Au son d'une valse entraînante, certaines se lancent et glissent avec légèreté sur le carrelage. Les autres les regardent, ou bavardent entre elles. Les plus hardies vont inviter les professeurs qui acceptent avec plaisir. Quelques-unes, enivrées par la danse, et à bout de souffle, se laissent tomber sur un banc.

Elles sont encore écarlates, mais à la danse suivante, cela ne les empêche pas de recommencer de plus belle.

Le réfectoire est comble, une chaleur étouffante y règne, aussi certaines en profitent pour s'esquiver et monter au dortoir. Là, elles font les lits

en portefeuille ou en queue de vache et jubilent d'impatience en attendant la réaction de leurs camarades. D'autres, dans un coin somnolent. Certaines, fatiguées, montent se coucher.

La soirée tire à sa fin. Mme la Directrice nous demande d'arrêter la danse. Sans attendre, nous allumons le sapin, éteignons les lumières, et nous asseyons autour, sur le carrelage.

C'est alors une transformation féerique. Le bel arbre se dresse scintillant de lumières, de boules, de guirlandes.

Alors des chants montent, harmonieux, un peu mélancoliques et c'est sur cette note que se termine ce Noël de collégiennes.

Nicole Pascale

Yvonne Teneze

Annie Noilhac

Soulier Sylvie

La bruyère

Jacqueline Clavel

Les bûcherons

En hiver, près de chez nous, quelques bûcherons abattent les arbres. Ils partent le matin dès le lever du jour, la musette sur le dos avec une chopine de vin rouge et un morceau de pain pour casser la croute. Ils avancent l'un derrière l'autre, l'échelle sur l'épaule. Le premier, la corde en fourragère guide son compagnon. Le deuxième suite avec des coins, une nasse, une hache.

Arrivés dans le bois, ils se débarrassent de leurs outils.Ils appuient l'échelle contre le tronc d'un arbre et l'un d'entre eux grimpe à la cime. Là, ils s'assied à califourchon sur une grosse branche.Il sceinture solidement le tronc avec la cordre qu'il laisse pendre jusqu'au sol. Ensuite, ils se postent l'un en face de l'autre de chaque côté de l'arbre et commencent à balancer en cadence leur hache. Chacun d'eux fait une coche profonde dans le bois jaunâtre. La hache remonte brusquement; des éclats volent et séparpillent sur le sol. Quand les deux entailles sont prêtes à se rejoindre, l'un des hommes aidé de la nasse :(sorte de gros marteau à long manche) enfonce un coin dans la fente. Alors les bûcherons se pendent après la cordre et tirent de toutes leurs forces. Le châtaignier s'abat à grand fracas dans un craquement sec de branches. Une fois par terre, ils le débitent en grands rondins qu'ils fendent à la hache. Ensuite, ils enlèvent l'écorce et le bois apparaît tout froid, tout blanc, toutlisse. Puis ils l'empilent en longues brasses.

La matinée achevée, les bûcherons rentrent à la maison pour déjeuner.

Annette Couloumy

Joëlle Dupuy

Janine Roux

Une partie de chasse sur le Puy Chatras

C'est à la mi-septembre que les premiers coups de fusils réveillent bois et forêts.

Par une belle matinée d'automne, de très bonne heure, mon voisin part à la chasse. Je l'aperçois dans la brume, doucement je m'approche de lui. Il a chassé de groses bottes fourrées qu'il a retroussées. Il a enfilé une grande veste marron foncé et des pantalons rapiècès. Sa cartouchière lui serre la taille. Il porte en bandoulière sa gibecière de toile, et, sur l'épaule son fusil dont il tient la crosse dans le creux de la main.

On le prendrait facilement pour un vagabond ce vieux chasseur s'il ne surveillait aussi scrupuleusement le manège de son chien. Rip furète çà et là, le nez au ras du sol. Il semble avoir trouvé un piste. Quelques espoirs de chasse commencent à naître. Tout à coup des broussailles jaillit un énorme lièvre roux qui détale devant nous. Mais Rip connaît les pistes secrètes du gibier! Il aboie férocement, la tête levée. Il bondit a sa poursuite. Pendant ce temps, le chasseur se hausse sur la pointe des pieds et guette le moment où l'animal va surgir. Le regard toujours au loin il épaule. "ça y est! le voilà! il appuie sur la gachette et :Pan, pan,pan, pan! Plusieurs détonations déchirent l'air, loupé! pense-t-il. Le chien dérouté reste un peu en arrière, tourne la tête à droite, à gauche, fouette l'air de sa queue, nerveusement. Puis il s'élance à nouveau sur une autre piste, flaire les buissons ici, là mais rien. Après avoir fureté un peu partout, il retrouve la trace qui le conduit dans un fossé où tout essoufflé et efflanqué le lièvre gît sur l'herbe mouillée. Un aboiement joyeux, saccadé, annonce à son maître qu'il a gagné. Mais tout à coup, profitant d'un moment d'inattention de Rip, le lièvre essaie de s'enfuir t malheureusement d'évale un pente raide. Tout étourdi il va s'assommer contre une grosse pierre servant de borne entre deux bois. Rip, en colère redouble de vitesse. Arrivé près de lui il grogne, et, de ses dents pointues l'attrappe par une patte. Alors fier de lui, les oreilles levées; la queue frètillante, il traine sa proie aux pieds de son maître. Le chasseur se baisse et joyeux d'avoir une si belle prise flatte son chien du plat de la main."Tu as bien travaillé" lui dit-il c'est bien! Il tire de sa poche un morceau de sucre qu'il lui donne.

Ah! quel beau lièvre s'écrie-t-il tout joyeux. Il le soupèse par une patte et regarde sa cuisse toute rouge. Les poils sont collés par le sans déjà sec. Pauvre bête, tu as bien dû souffrir! dit le chasseur en souriant, en glissant l'animal dans sa gibecière.

Il repart, Rip sur ses talons. De sa gibecière sortent deux longues pattes marron foncé presuqe couleur de rouille avec de longues griffes noires et pointues.

Heureux de ce premier jour de chasse, il retourne chez lui, l'air guilleret.

Michelle Lavaud

Nadine Rivière

Veillée dans le "cantou"

A la camapgne, lors de la mauvaise saison, les gens aimen bien se réunir autour du "cantou" pour veiller.

Ce soir, nous attendons nos voisins. Nous venos de finr la vaisselle quand tou à coup des sabots crissent sur le gravier de la basse-cour.

-" les voilà!" dit maman

Soudain, la porte s'ouvre et les veilleurs lancent leur:

" Bauncher! coume quo vay ? (Bonsoir ! Comment ça va)

" Quo poun na !" répond maman (ça peut aller!)

Ils posent leurs sabots puis ils entrent. Ils quittent leurs manteaux ou leurs vestes de velours marrons pâlies par le mauvais temps.

Dans la cuisine où flambe un grand feu de bois, il fait bon. tout en se frottant les mains, les veilleurs se glissent de chaque côté du foyer et se pelotonnent sur les "masillous". Les flammes dansent dans l'âtre. Entre deux chenêts en fonte sculptée, papa installe un trépied sur lequel il pose une vieille poêle. Ausitôt maman apporte un panier de chataîgnes. Chaque veilleur sort son couteau de sa poche et les entaille, puis les lance dans la poêle. De temps en temps, quelqu'un les tourne avec des pincettes de fer. Moi, je suis là, bien au chaud, tout au fond de la cheminée. J'ai la figure en feu et je me grille les jambes mais j'adore regarder les flammes qui lèchent la crémaillère noircie de suie. j'aime aussi me laisser transir par les braises qui claquent, suivre des yeux les éteicelles qui se perdent dans la cheminée. C'est beau, le feu! Là, je peux rêver à ma guise ou contempler les jambons fumés enveloppés dans leur sac blanc.

Maintenant, les marrons sont cuits. Papa les verse dans une assiette qu'il pose en équilibre sur les espèces de coupes soudées aux chenêts. Puis chacun se sert, met ses mains en corbeilles et les secoue pour les refroidir. Pour les éplucher, nous les frottons entre nos mains qui se noircissent. Après avoir raconté les dernières nouvelles du village, les hommes un peu engouris, décident de faire une prie de "belotte". Ils prennent place autour de la grande table rectangulaire en bois massif. De leurs sas, les femmes sortent leurs tricots ou leurs raccomodages. Bientôt nous entendons de grands coups de poings sur la table qui vibre. Les aiguilles font un léger cliquetis. Mais, soudain, un "attout" puissant domine ces bruits. Je tourne la t^te et surprends un coup d'oeil complice entre mon père et son compagnon. la chance va tourner. Bientôt, le sourire a refleuri dans tous les yeux.

-"Quo yai, on sobo" (ça y est, ils ont fini) disent les femmes "non, réveillonna!" (on va réveillonner)

Maman débarrasse la table et attrappe sur le rateau accroché au plafond une tourte de pain de seigle. Elle se dirige vers la grosse armoire, enretire un confit d'oie, du pâté de fois gras, et des grillons qu'elle porte sur la table. Le reveillons commence. La tourte circule de main en main et chacun u taille un gros morceau de pain frais et croustillant. Les hommes, eux, ne font pas de manière. Ils posnet sur le pain, les morceaux de confit qu'ils maintiennent avec le pouce. Le maître de maison remplit les verres de cidre qu'il a fait tiédir au coin du feu. Tout le monde mange de bon appetit . Après être rassasiés, nous buvons des grogs brûlants qui guèrissent les grippes.

Et c'est sur un joyeux "bonsoir" que se termine la veillée.

Anne Marie Frénoy

Michèle Faucher

Nicole Rouland

Foire à Masseret

Chez nous, les foires se tiennent le 12 de chaque mois. Elles ne durent que la matinée.

Très tôt le matin, des marchands arrivent sur le foirail avec de gros camions. Ce sont de robustes hommes, vêtus d'une blouse grise, coiffés quelquefois d'une casquette ou d'un chapeau. Ils sont chaussés de gros bottillons crottés.

A leur tour, de nombreux paysans amènent leurs bêtes et tout de suite, ils déchargent. Ce n'est pas chose facile! Les veaux, comme s'ils pressentaient ce qui va leur arriver, se raidissent sur leurs pattes et refusent d'avancer. Alors, on leur bande les yeux avec un grand sac de toile grise (une bauge) pour qu'ils ne soient pas effrayés. Un homme passe une corde autour de la bête et la tire par devant, tandis qu'un autre, placé à l'arrière, lui enroule la queue et lui donne de forts coups de bâton en la poussant du plat de la main. Parfois l'animal céde et consent à avancer - à contre coeur. D'autres fois, il se bute et rien ne peut le faire bouger. Enfin, après de nombreux efforts il se retrouve sur le champ de foire, attaché à de grosses barres de fer.

Tour à tour, les marchands viennent voir l'animal. Ils le tâtent et discutent du prix avec le paysan. En général, après un marchandage serré, ils tombent d'accord. Alors ils se tapent dans la main: le marché est conclu. Avant de charger la bête, le marchand sort de sa poche une paire de ciseaux pour marquer l'animal. Il dessine dans les poils de l'échine, un signe particulier. Par exemple: une lettre de l'alphabet. Maintenant la bête est à lui.

Suzanne Brauge

Martine Goumillout

Chantal Roux

Un bon tour

Il y a quelques années, ma soeur et moi avions l'habitude de suivre notre voisin dans les travaux de la ferme. Depuis longtemps nous avions envie de lui faire un tour.

Ce matin-lâ, nous l'accompagnons. Il prépare la pâtée des cochons puis rentre dans la pocherie pour la leur donner. Profitant de ce qu'il a le dos tourné, tout doucement, nous poussons le verrou de la porte et il essaie de l'ouvrir tput en jurant et en pestant contre nous. Les grognements des cochons apeurés par tant de vacarme, se mêlent à ses cris. Cachées derrière notrefenêtre, nous rions à gorge déployée. Il fait semblant de se radoucir pour que nous nous laissions fléchir. Ma soeur est prête à céder. Je l'arrête à temps et lui dis : "si tu lui ouvres, il ira le dire à nos parents qui nous passerons une bonne râclée." Nous l'abandonnons donc à son sort. Il n'est pas en si maurvaise compagnie.!

Ses cris parvienaient jusqu'à notre maison. Son fils, qui bavardait avec papa l'entendit. Inquiet, il se demanda ce qui se passait et alla voir. Guidé par les paroles du prisonnier, il se dirigea vers la pocherie. Il entra dans l'étable et trouva son père assis à côté d'un cochon. Le voisin était rouge et un peu essoufflé d'avoir fait tant d'éfforts.

Nous n'étions pas allées à la ferme depuis deux jours, quand il arriva chez nous. Lorsque nous l'avons vu entrer à la maison, nous sommes devenues écarlates. Nous n'étions pas très fières !

Allait-il raconter l'histoire à nos parents ? Non, heureusement. Il nous regarda, se mit à rire et fit l'ignorant.

Mireile Peuch

Annie Virolle

Sylvie Soulier